François Grand-Clément
Auteur et Fabuloplasticien mais pas brigadier
ni moine, d'ailleurs...
En première partie, un jeu :
Saurez-vous reconnaître les fables de La Fontaine
qui se cachent derrière celles que le fabuloplasticien va vous narrer ?
Les scénarios sont les mêmes mais, en revanche, les « personnages »
de ces transpositions sont des Objets et plutôt hétéroclites. Jugez-en : Râteau, Tirelire, Baudruche, Hors-bord, Bazooka, Brouette, Grue…
Un CD de fables est remis au vainqueur.
En deuxième partie, un éventail de fables décalées, déjantées,
voire délirantes sur des scénarios totalement originaux.
On ne vous en dit pas plus…
durée: 70 minutes environ.
Quelques vers de pastiches...
Avertissement: Ces spectacles ne sont pas destinés aux enfants mais à toutes les générations confondues...
Fables sur Table
Un salmigondis de fables, de chansons
et de recettes improbables autour de la table.
On y trouve à boire et à manger:
De la discussion existentielle entre une carotte et une saucisse, au conflit de canards, en passant par la recette
de la cuisse d'ogre aux nouilles ou celle du pote au feu,
il y en a pour tous les goûts. Vous sortirez rassasiés!
Durée du spectacle 60 minutes environ
Et puisqu'il faut privilégier les circuits courts,
ces spectacles sont aussi joués à domicile,
chez vous, dans votre maison, dans votre appartement
dans votre salon ou votre jardin, dans votre remise ou sur votre terrasse.
le fabuloplasticien ne vous demandera que 3m2 de surface
ainsi que 350 à 450 euros de cachet (selon les déplacements)
Et, à l'issue de la représentation, il aura grand plaisir à échanger avec vos invités.
Quelques fables illustrées?...
le Trône et le Bidet
Un Trône et un Bidet cheminaient côte à côte
Dans le fourgon bâché d’un collecteur d’antiques.
Trône, dans sa superbe, tenait la dragée haute
A ce siège hygiénique vêtu de céramique.
Lui, était en noyer, et doré à la feuille,
Ses pieds fort bien tournés, aux pattes de griffon,
Soutenaient un dossier hautain, fourré d’orgueil,
Tapissé de damas et marqué d’un blason.
On lisait la devise “Totum est pro nobis”.
Ecrasant de sa morgue le modeste ustensile,
Il narre, au bassin blême, son important office :
- Auprès de plus d’un saint, j’ai su me rendre utile.
Evêques, archevêques, nonces apostoliques
Ont posé leur séant sur mon coussin moelleux.
Mobilier écclésiaste, j’ai tenu les reliques
Et les vêts somptueux de ces hommes de Dieu.
Je connais le brocart, le velours et la soie
La pompe et l’apparat me sont lots ordinaires.
Puissance, Vertu et Gloire, voilà en quoi j’ai foi !
Puis, daignant se pencher vers l’objet de misère,
S’enquiert de l’origine de la piteuse chose
Qui, tel un nain blafard, va, gisant à ses pieds...
- Moi ?... répond la cuvette, je viens de maison close
Où pendant des années j’ai eu à travailler ;
Une maison honnête, réputée et sérieuse,
Pensionnaires accortes, girondes à l’envi,
Et si je n’ai point eu cette vie fastueuse
Que naguère vous eûtes, je n’aurai nulle envie
De troquer mon passé, même pour mille écus.
Je préfère mon labeur aux ors et aux grands-messes,
Vous supportiez les saints, moi je soutins les culs
Des Ninon, des Louison, ô fesses de déesses ;
Tous ces astres douillets, charnus et gémellaires
Sur mes bras accueillants venaient trouver fraîcheur,
S’abreuvant en riant à l’étang sanitaire,
M’offrant, voluptueux, leurs sublimes rondeurs.”
A l’ouïe de ce discours, le meuble épiscopal,
Effaré au récit d’une vie dissolue,
Rompt sitôt l’entretien. Et quant au bac d’opale,
Chevauchant sa mémoire, il plane dans les nues.
Je n’ai pas de morale à cette courte fable,
Non plus que de maxime à offrir en pitance.
Mais qu’on soit ouvrier ou bien qu’on soit notable,
Une chaise percée, un fauteuil de Byzance,
Plutôt que le mépris, Mieux vaut la tolérance
la Tour et la Tente
Une Tente en trekking
Dans la montagne noire
Vint planter ses sardines
Au pied d’un promontoire
Où vivait une Tour.
On était en avril,
C’était la fin du jour,
Et la Tente, civile,
Avant de déballer,
Demande à l’indigène
A pouvoir s’installer
Sans causer trop de gène…
Or, cette tour antique,
Ouvrage militaire
Bâti sous Chilpéric,
Etait un rien pervers
Car, bien qu’ayant horreur
Des abris de nomades,
Ces tissus randonneurs,
Ces velums en balades,
Sur un ton doucereux
Elle dit à la tente :
- Bien sûr, si ça vous chante,
On est toujours heureux
De voir des étrangers.
L’endroit est sans danger,
Vous pouvez vous planter.
Quel mensonge éhonté !
Car on est au printemps,
L’époque du grand vent
Qui se lève à l’aurore
Clouant voiles au port…
Et la tente inconsciente,
Qui aurait du s’enfuir,
Se fie à la tour qu’hante
L’affreux désir de nuire…
Mais, peu avant minuit,
Le danger vint d’en bas.
Ce fut d’abord un bruit
Puis soudain tout trembla.
On attendait Eole
Alors voilà Vulcain
Qui en frappant le sol
De son marteau d’airain,
Dans un grondement sourd
Né d’obscures entrailles,
Fait vibrer la muraille
Epaisse de la Tour.
Le mortier se délite,
Se descellent les blocs
Enormes de granite,
Et la tour se disloque,
S’écroule dans la pente
Et perpètre son crime
En entraînant la Tente
Tout au fond de l’abîme…
Vous semblez dans l’attente… ?
Je le dis sans détours,
Pour la morale
Je cale.
Alors à votre tour,
Si ça vous tente !
Quand le char de Phébus plonge sous l’horizon
Que se lève Astarté, enceinte du soleil,
Dans la jungle asphaltée court un profond frisson
Car voici le moment où le fauve s’éveille...
Etirant son long corps, il sort de son garage
Où il se tient tapi jusqu’au jour finissant,
Alors, l’astre des morts se mire sur son pelage
De laque rouge sang.
Il darde des prunelles où brûle un feu ardent,
Sous l’acier de ses ailes court un sourd feulement...
Son mufle chromé hume les odeurs et les traces
Laissées sur le bitume : La bête part en chasse !...
Sous les néons blafards, lugubres photophores,
On voit briller un phare qui arrive du fort ...
C’est une japonaise allant, sans se douter
Que ces deux yeux de braise sont là, à la guetter.
Et, soudain, il s’élance ! Rugissement terrible !!
De toute sa puissance il se rue sur sa cible !...
Le reste n’est plus rien qu’un horrible carnage
Que je ne décris pas, je crois cela plus sage.
Laissons à son massacre le monstre motophage,
Violence ne vaut qu’on en fasse étalage...
Alors qu’enfin Pluton, souverain des ténèbres,
Rentre ses noirs moutons sur ce tableau funèbre,
Le prédateur vêtu d’écarlate pelisse
Regagne son repaire.
Mais que fait la police ?!!!...
la Baudruche et le Zeppelin
Une sotte Baudruche,
Voyant un Dirigeable,
Prétendit, la greluche,
Qu’elle était fort capable
D’égaler le géant…
Elle s’enfle en soufflant,
Etire sa membrane
Et s’arrondit l’organe,
Demande à sa voisine :
-Ai-je l’air d’un Zeppelin ?...
- Non point, ma mie, non point,
Vous en êtes bien loin !
Elle enfle davantage…
Beaucoup plus qu’il n’est sage…
- Et là ? dit notre fat
Qui tout à coup… ECLATE !!!
Evitons toute épate,
C’est la moralité.
Mieux vaut ne pas péter
Plus haut que son derrière
Et ne pas faire la fière,
Devant la Montgolfière !